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La Commission clôt son enquête approfondie sur la proposition de réglementation du marché de gros de l’accès aux services mobiles en République tchèque

Le 24 mars 2023, la Commission européenne a adopté une décision demandant à l’autorité tchèque de régulation des télécommunications, la CTU, de retirer son projet de mesure visant à réglementer l’accès de gros aux réseaux mobiles en Tchéquie.

Le marché de la fourniture en gros d’accès mobile n’est pas considéré comme susceptible de faire l’objet d’une réglementation ex ante au niveau de l’UE depuis 2007 et n’est réglementé nulle part dans l’UE. La décision de la Commission signifie que l’UTC ne peut pas adopter son projet de mesure tel qu’il a été notifié.

Le 29 décembre 2022, le CTU a notifié à la Commission son projet de mesure proposant d’imposer une réglementation de gros sur le marché de l’accès aux réseaux mobiles en République tchèque. Le 30 janvier 2023, la Commission a informé le CTU qu’elle nourrissait de sérieux doutes quant à la compatibilité du projet de mesure avec le droit de l’Union et a ouvert une enquête approfondie. Le 24 février 2023, l’Organe des régulateurs européens des communications électroniques (ORECE) a rendu son avis sur les doutes sérieux de la Commission, dans lequel il soutenait pleinement les conclusions de la Commission. Le 24 mars 2023, la Commission a adopté sa décision finale et clôt ainsi l’enquête approfondie. Le CTU doit retirer son projet de mesure concernant le marché de gros de l’accès mobile. 

Fourniture en gros de services d’accès mobile

Les services d’accès mobile en gros sont des services achetés par des opérateurs qui ont l’intention de fournir des services mobiles à des clients de détail, mais qui ne disposent pas de leur propre infrastructure. En acquérant de tels intrants de gros, les opérateurs de réseaux mobiles virtuels (ORMV) peuvent fournir leurs services mobiles aux utilisateurs finaux, en s’appuyant sur les réseaux détenus par les opérateurs de réseaux mobiles (ORM). L’accès mobile en gros peut également être fourni à d’autres ORM, qui ne disposent pas d’une infrastructure suffisamment développée (généralement appelée itinérance nationale). Ces accords d’itinérance nationale sont généralement établis dans le cadre d’accords commerciaux volontaires ou sont imposés comme conditions préalables dans le cadre des licences d’utilisation du spectre (comme c’est le cas en République tchèque). 

Le projet de mesure

Dans son projet de mesure notifié, le CTU a fait référence au fait que les prix de détail des services de télécommunications mobiles sont particulièrement élevés en République tchèque. Selon le CTU, les ORMV ne sont pas en mesure d’offrir des services concurrentiels en raison de conditions d’accès de gros prétendument défavorables. Par conséquent, CTU a proposé de désigner les trois ORM tchèques (à savoir O2, T-Mobile et Vodafone) comme disposant d’une puissance significative commune sur le marché («PSM») et a donc proposé d’obliger les trois ORM à offrir un accès mobile de gros réglementé à tous les opérateurs.

La décision de la Commission

La Commission estime qu’une réglementation ex ante fondée sur la constatation conjointe d’une puissance significative sur le marché est injustifiée et note que d’autres outils réglementaires, tels que l’application des obligations déjà imposées en matière de spectre ou l’application du droit de la concurrence, sont susceptibles d’améliorer la situation sur le marché. 
Dans les conditions de l’enchère 2020 5G, l’opérateur O2 est tenu de fournir des services d’itinérance nationale aux deux détenteurs du spectre 5G, à savoir Nordic Telecom et Incrate. Cette obligation de fournir un accès au réseau d’O2 est fondée sur des conditions axées sur les coûts et est valable jusqu’en 2029. Par conséquent, la Commission estime qu’il est dans l’intérêt de ces deux opérateurs d’entrer le plus rapidement possible, afin de récupérer leurs coûts et de bénéficier des conditions de la licence de spectre d’O2 pour une période plus longue. Le CTU lui-même estime que l’entrée sur le marché de l’un des détenteurs du spectre 5G, sur la base de conditions réglementées, telle qu’elle figure dans la mise aux enchères du spectre, devrait avoir lieu d’ici la fin de 2024. Cela pourrait permettre à ces nouveaux entrants de concurrencer efficacement les trois principaux ORM, tant au niveau de détail que pour la fourniture d’un accès de gros aux ORMV. En outre, dans le cas où O2 refuserait ou retarderait l’octroi de l’accès pour des raisons injustifiées, l’UCT dispose des instruments juridiques nécessaires pour faire respecter les conditions prévues par la licence d’O2 relative au spectre. En outre, O2 ne saurait interdire aux deux entrants de revendre un tel accès à des opérateurs virtuels.

Par conséquent, la Commission estime que l’application des conditions existantes en matière de licences d’utilisation du spectre devrait contribuer à apporter des changements positifs sur le marché de détail de la téléphonie mobile en Tchéquie. L’entrée sur le marché de nouveaux opérateurs de téléphonie mobile (Nordic Telecom et incrate), fondée sur l’utilisation de l’obligation nationale d’itinérance imposée à O2 et/ou par le déploiement de leurs propres réseaux dans un avenir proche, est susceptible de créer une pression concurrentielle sur le marché de détail et de gros. 

L’UTC a proposé un ensemble complet d’obligations ex ante fondées sur la constatation d’une position dominante conjointe entre les trois ORM actifs sur le marché tchèque. Toutefois, conformément aux principes du droit de la concurrence et à la jurisprudence pertinente, la constatation d’une position dominante conjointe nécessiterait le respect d’un certain nombre de critères stricts.

La Commission considère que le CTU n’a pas fourni suffisamment d’éléments prouvant que les critères pertinents pour établir une position dominante conjointe sont remplis. En particulier, la Commission considère qu’il existe des différences importantes entre les ORM tchèques, qui ne facilitent pas la coordination tacite. Premièrement, un opérateur (O2) est déjà tenu d’accorder l’accès à son réseau, sur la base des conditions de sa licence d’utilisation du spectre. En outre, les différentes parts de marché (au niveau de gros) et les structures de coûts différentes des trois principaux opérateurs (en particulier pour Vodafone, qui, bien qu’opérant sur le marché de gros, ne fait pas partie de l’accord de partage de réseau entre T-Mobile et O2/CETIN) soulignent encore cette asymétrie. Enfin, il y a deux nouveaux entrants (potentiels), qui ont déjà acquis du spectre et dont l’entrée est encore facilitée par les obligations existantes en matière d’accès de gros imposées à O2. 

Dans l’ensemble, la Commission a conclu que la structure du marché tchèque ne permettait pas de conclure à un pouvoir de marché significatif collectif. Au contraire, sur le marché tchèque, il existe déjà des conditions favorables à l’entrée sur le marché de nouveaux opérateurs de téléphonie mobile, qui pourraient bientôt fournir leurs services aux niveaux de détail et de gros. Ces nouveaux arrivants devraient créer une pression concurrentielle supplémentaire, tant sur le marché de détail que sur le marché de gros, dans l’intérêt des consommateurs tchèques. 

Les conclusions de la Commission ont également été étayées par l’ avis de l’ORECE [BoR (23) 49] concernant la décision de la Commission d’ouvrir une enquête de phase 2. La décision de la Commission sera disponible en ligne sur CIRCABC.