L’application de la législation sur les services numériques comprend un ensemble complet de mesures d’enquête et de sanctions qui peuvent être prises par les autorités nationales et la Commission.
Procédure d’exécution
La date générale d’applicabilité de la législation sur les services numériques est le 17 février 2024. Toutefois, la législation sur les services numériques s’applique aux fournisseurs de plateformes en ligne et de moteurs de recherche en ligne dont les services ont été désignés comme très grandes plateformes en ligne (VLOP) et très grands moteurs de recherche en ligne (VLOSE) à partir de quatre mois suivant la notification de la décision désignant ces services en tant que tels.
Le 25 avril 2023, la Commission a désigné 17 plateformes en ligne en tant que VLOP et 2 moteurs de recherche en ligne en tant que VLOSE. Par conséquent, la législation sur les services numériques s’applique déjà aux fournisseurs de ces VLOP et de ces VLOSE, pour lesquels la Commission dispose de la compétence de surveillance et d’exécution.
Ouverture d'une enquête
Sur la base de l’évaluation des informations obtenues au cours de sa surveillance ou de sources fiables, la Commission peut avoir des soupçons d’infraction. Dans ce cas, la Commission peut décider d’ouvrir une enquête et de déployer ses outils d’enquête, tels que l’émission d’une demande d’informations, la réalisation d’entretiens et l’inspection des locaux.
À tout moment de l’enquête, la Commission peut exercer ses pouvoirs d’enquête pour recueillir un ensemble d’éléments de preuve fiables et cohérents sur la conformité du VLOP/VLOSE.
En octobre 2023, la Commission a ouvert la toute première enquête de conformité à la législation sur les services numériques en envoyant des demandes d’informations à certains VLOP.
Ouverture d'une procédure
Si la Commission continue de soupçonner une infraction à la législation sur les services numériques à la suite de ces mesures d’enquête, elle peut ouvrir une procédure. Avant d’adopter une décision de non-conformité, une décision infligeant des amendes ou une décision infligeant des astreintes, la Commission doit donner au VLOP ou au VLOSE concerné la possibilité d’être entendu sur ses constatations préliminaires, y compris sur toute question à l’égard de laquelle la Commission a formulé des objections; et toute mesure que la Commission pourrait avoir l'intention de prendre à la lumière de ces constatations préliminaires.
Décision de non-conformité
Si la Commission établit définitivement une violation de la législation sur les services numériques, elle peut adopter une décision infligeant des amendes allant jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires global du VLOP ou du VLOSE concerné et ordonner à ce fournisseur de prendre des mesures pour remédier à la violation dans le délai fixé par la Commission. Cette décision peut également déclencher une période de surveillance renforcée afin de garantir le respect des mesures que le fournisseur a l’intention de prendre pour remédier à la violation. Une telle décision infligeant une amende peut faire l’objet d’un recours devant les juridictions de l’Union.
Mesures provisoires
Si la Commission estime qu’il existe une urgence en raison du risque de préjudice grave pour les utilisateurs du service à tout moment au cours de l’enquête et avant qu’une décision finale ne soit prise, elle peut décider d’adopter des mesures provisoires proportionnées et temporaires pour atténuer ce risque. Des exemples de mesures provisoires peuvent être des modifications apportées aux systèmes de recommandation, une surveillance accrue de mots clés ou de hashtags spécifiques, ou des injonctions de mettre fin ou de remédier à des infractions présumées.
Pouvoirs d'exécution de la Commission
En vertu de la législation sur les services numériques, la Commission dispose à la fois de pouvoirs d’enquête et de pouvoirs de sanction.
Pouvoirs d'enquête
La Commission peut:
- envoyer une demande d’informations (RFI) pour vérifier le respect de la législation sur les services numériques par les plateformes. La demande de renseignements peut également être envoyée sur décision de la Commission. Des amendes* peuvent être infligées si une réponse est incorrecte, trompeuse ou incomplète.
- ordonner l’accès aux données et algorithmes du VLOPS, par exemple pour évaluer la manière dont l’algorithme/le système de recommandation d’une plateforme favorise les contenus illicites. Des amendes* peuvent être infligées si le fournisseur ne s'y conforme pas.
- mener des entrevues avec toute personne qui pourrait avoir des renseignements sur l'objet d'une enquête. Les entretiens ne peuvent être menés qu’avec le consentement de la personne et ne peuvent être forcés.
- procéder à des inspections dans les locaux du VLOP. Les inspections ne peuvent être effectuées qu'après consultation du CSD de l'État membre d'établissement. Le DSC peut être amené à demander une autorisation délivrée par le juge de l’État membre d’établissement. Des amendes* peuvent être imposées si le fournisseur refuse de se soumettre à l'inspection.
* Des amendes allant jusqu'à 1% du chiffre d'affaires annuel mondial peuvent être imposées. Des sanctions périodiques allant jusqu’à 5 % du chiffre d’affaires quotidien moyen mondial peuvent être imposées pour chaque jour de retard dans la réponse à la demande de renseignements par voie de décision ou d’autorisation d’inspection.
Pouvoirs de sanction
À partir du 17 février 2024, la Commission peut:
- infliger des amendes allant jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires annuel mondial dans les cas suivants:
- Violation des obligations découlant de la législation sur les services numériques
- Non-respect des mesures provisoires
- Manquement aux engagements
- appliquer des astreintes allant jusqu’à 5 % du chiffre d’affaires quotidien moyen mondial pour chaque jour de retard dans le respect des mesures correctives, des mesures provisoires et des engagements (à la suite du non-respect de la décision du collège imposant des mesures correctives, des mesures provisoires ou des engagements contraignants).
En dernier recours, si l'infraction persiste et cause un préjudice grave aux utilisateurs et entraîne des infractions pénales mettant en danger la vie ou la sécurité des personnes, la Commission peut demander la suspension temporaire du service, à l'issue d'une procédure spécifique:
- la Commission invite les parties intéressées à présenter des observations écrites dans un délai qui ne peut être inférieur à 14 jours ouvrables, en décrivant les mesures qu’elle entend demander et en identifiant le ou les destinataires visés.
- la Commission demande au CSD de l’État membre d’établissement de demander à l’autorité judiciaire compétente de son État membre une injonction de restreindre temporairement l’accès au service concerné par l’infraction.
- le coordinateur pour les services numériques demande l’ordonnance au juge.
- L'ordonnance doit être rendue par un juge de l'État membre d'établissement.
Un aperçu des mesures d’enquête prises par la Commission au titre de la législation sur les services numériques depuis le 25 août 2023 en ce qui concerne des VLOP et des VLOSE spécifiques est disponible.
L’adoption de telles mesures ne devrait pas laisser entendre que les fournisseurs des services ont enfreint la législation sur les services numériques. Elles sont sans préjudice de toute autre mesure d’enquête que la Commission pourrait décider de prendre à l’égard de ces fournisseurs au titre de la législation sur les services numériques.
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